Cela se confirme, les oppositions de droite à Tours sont bel et bien touchées par une épidémie de trumpisme. Depuis des mois, leur rapport aux faits et à la vérité est devenu inversement proportionnel à leur volonté d’exister et de faire le buzz, et avec la campagne des municipales, le mal s’aggrave. Deux exemples cette semaine.
Par Joséphine
“Un coup de com honteux !”
L’expression est de l’ancien maire de Tours Christophe Bouchet. C’est d’ailleurs en expert qu’il parle, lui qui vient du journalisme et de la communication. Vent debout contre la décision de la mairie écologiste de Tours de fermer les classes de primaire lors des deux après-midi d’épisode caniculaire en début de semaine, Christophe Bouchet qualifie donc de “coup de com honteux” le choix d’Emmanuel Denis, accusé de faire de la récupération politique sur le dos du réchauffement climatique pour occuper l’espace, ces fermetures de classe étant “aveugles, idéologiques, brutales et délétères“.
En fait, l’enjeu en ce moment pour Bouchet est d’exister, lui qui n’est pas assuré d’être investi comme tête de liste aux prochaines municipales par l’alliance dont il fait partie, alliance regroupant LR, macronistes, cazeneuvistes, UDI et aventuriers centristes sans étiquette. Il faut donc surjouer l’opposition entre les ayatollahs verts qui détruisent la ville et… lui, l’homme de bon sens et de responsabilité, incarnant une écologie qui se résume à sa plus puissante expression : rouler à vélo aux beaux jours, ramasser ses mégots et ne pas couper d’arbres.
Important, ça, la coupe des arbres, c’est manifestement un marqueur de l’écologie de droite, celle qui a besoin d’un petit vernis vert pour ne pas passer pour une rustre climato-sceptique qui veut de la clim’ à gogo. Depuis des mois, Christophe Bouchet est donc devenu le défenseur des arbres, offrant même un érable en pot à Emmanuel Denis en plein conseil municipal devant les caméras de la NR, fier de son coup de com’ pas du tout honteux, histoire de dénoncer la coupe de dizaines d’arbres sur le tracé du futur tram. Peu importe que son projet de tracé de tram à lui, à l’époque où il était maire, faisait également des victimes collatérales chez nos amis à feuilles dentelées et que la Métropole s’engage à replanter davantage d’arbres encore pour compenser. Non, c’est Gaïa et Pierre Rhabi qu’on assassine. Emmanuel-Denis-démission.
Tours, déclassée ?
Dans son récit décliniste au sujet de Tours, devenue une repoussante ZAD où tout est interdit sauf les vélos en bambou, Christophe Bouchet n’est pas bégueule, tout y passe : tourisme, commerce, sécurité, rayonnement, culture etc etc etc. Et dans cet océan de larmes face à notre bonne ville qui se meurt, une nouvelle muse funéraire est apparue. Et oui, dans un récent post Facebook, Christophe confie avoir le « cœur gros ». Car Tours n’apparaît plus dans le classement des villes étudiantes du Parisien-Aujourd’hui en France, rendez vous compte. La faute à une « politique de décroissance » et à la fin de « l’attractivité », à l’effondrement de la réputation de la ville, ce « qui en dit long à l’extérieur ».
Sauf que… il suffisait de lire l’encart du dossier du Parisien pour saisir que le classement partagé par Christophe Bouchet en support à son analyse lyrique ne comprenait que les villes comptant plus de 40 000 étudiants, ce qui n’est pas le cas de Tours qui n’en n’a que 33 000. Ce chiffre est d’ailleurs stable et conditionné par le nombre de places universitaires, remplies depuis des années. Seule ville de même strate que Tours dans ce classement, Angers, qui doit son nombre plus important d’étudiants à ses 33% d’inscrits dans des établissements privés, principalement catholiques. Tours restant de loin le premier pôle étudiant de la région Centre-Val-de-Loire.
Mais bon, tant pis, au diable les faits et un minimum de précision, les « coups de com honteux », ce sont toujours les autres.
Petit intermède who’s who
Prenons maintenant l’autre alliance de droite qui brigue également la mairie de Tours en 2026 autour d’Henri Alfandari, et notamment une de ses principales figures, Mélanie Fortier. Petit rappel pour les lectrices et lecteurs qui ne seraient pas ceinture noires de politique locale tourangelle : gloire radicale-de-gauche du temps du deuxième mandat de Jean Germain au début des années 2000, Mélanie Fortier est rapidement mise sur la touche dès 2008 après son parachutage raté pour les législatives à Amboise en 2007. Elle tente dans la foulée de prendre la mairie de la Ville aux Dames en 2008, sans succès non plus. Elle tente plus tard, en parallèle de sa longue carrière au Conseil Régional, de s’implanter à Saint-Cyr-sur-Loire en 2017 en briguant la députation, ne s’interdisant pas d’y être ensuite candidate aux municipales de 2020, comme elle le confiait dans la presse de l’époque. Après un modeste 5% aux législatives, exit Saint-Cyr-sur-Loire, Mélanie Fortier décide finalement de rejoindre la liste de droite menée par Christophe Bouchet aux municipales 2020 à Tours. Une fois élue dans l’opposition, elle se fait un temps discrète en Conseil municipal mais patatras, voilà que Mélanie Fortier fonde début 2024 un groupe dissident avec d’autres seconds couteaux du centre et de la droite. Et re-patatras, quelques mois plus tard, elle est exclue de ce groupe et se retrouve totalement isolée. Qu’à cela ne tienne, Mélanie Fortier est déjà sur le coup d’après et en profite pour se rapprocher rapidement des édouard-philippistes d’Horizons Touraine tout en gardant sa carte du PRG. Elle devient donc tout naturellement un des poids lourds qui entoure la récente candidature d’Henri Alfandari pour les municipales 2026. Et oui, on se serre les coudes entre parachutés. Droite, gauche ? Qu’importe le flacon.
Le canicule-gate de Tours
Bref, voilà donc Mme Fortier qui partage ces dernières heures le post d’un militant alfandariste visiblement auto-radicalisé. On y apprend que, contrairement à ce militant amateur et dogmatique d’Emmanuel Denis, l’excellent maire PS du Mans, Stéphane Le Foll, lui, a fermé les écoles, ok, mais avec anticipation, pédagogie et en offrant des alternatives. Comme quoi, c’est pas une question de partis mais de bon sens et de pragmatisme. Et bam, dans tes dents Greta Pastèque Denis !
Passons sur le fait que Mme Fortier qualifiait encore récemment le NFP de « totalitaire » et « d’équivalent symétrique à l’extrême-gauche du RN » et que Le Foll a été un soutien du NFP, il est vrai du bout des doigts. Le souci est que… Le Foll n’a pas fait fermer les écoles du Mans lors de l’épisode caniculaire de ce début de semaine. D’ailleurs, des représentants locaux de parents d’élèves lui ont reproché, à tel point qu’après une phase de silence, la Mairie du Mans a décidé de communiquer sur sa décision dans la presse.

L’anticipation ? A court terme, des infos que l’on peut recueillir dans les presses locales, aucune ville qui a fermé ses écoles pour la canicule l’a fait plus de 48h à l’avance. On imagine mal en effet, vu la tension médiatique et l’approche des municipales, qu’un maire ose supprimer les cours une semaine à l’avance, avec l’imprécision des prévisions à cette échéance. Tours ne fait pas exception et a même plutôt pas mal anticipé, dès le vendredi, alors que dans d’autres communes, plus petites, l’info est tombée samedi ou dimanche.
Sur le long terme, Le Foll affirme avoir mis 20 millions d’euros sur la table entre 2019 et 2025 pour la rénovation des écoles, notamment sur un plan thermique. A Tours, la mairie assure avoir investi 42 millions sur la période 2020-2024, plus de deux fois plus.
Des faits têtus, même sous un soleil de plomb
Les alternatives ? Mme Fortier laisse à croire qu’il n’y en avait pas à Tours. Faux, deux établissements ont été désignés en lien avec la direction des services de l’Éducation Nationale pour accueillir les enfants dont les parents ont un métier dit prioritaire – les soignants par exemple –, ce qui est d’ailleurs assez fréquent et prévu en amont dans le cadre des relations entre municipalités et directions départementales des services de l’Éducation Nationale depuis 2020.
A noter également, comme des syndicats enseignants l’ont précisé, qu’en cas de fortes chaleurs, les personnels peuvent exercer leur droit de retrait. Avec des classes à 38°, le risque de retraits d’agents était fort, risquant de mettre en grande difficulté l’organisation des écoles devant le fait accompli, avec la possibilité de voir des élèves sans encadrement dans des salles surchauffées, à devoir appeler les parents pour qu’ils les récupèrent dans la demi-heure. Idem pour le scenario d’emmener les enfants dans des salles climatisées ou en sortie dans des espaces ombragés. Mais au dernier moment, difficile de trouver des dizaines de cars et de récupérer les autorisations parentales nécessaires, sans compter le risque des déplacements de groupes d’enfants par forte chaleur, par ailleurs interdits en alerte météo rouge.
Bref, les droites continuent ainsi leur naufrage aigrelet, avec un arrière-goût de trumpisme de plus en plus prononcé. Mais attention, un trumpisme de Tours : moins gras, caramélisé et avec des gros bouts dedans.
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