Désertification médicale : la deuxième bataille régionale

La désertification médicale ne touche pas uniquement les médecins. Il existe aussi un besoin urgent de chirurgiens-dentistes. Le gouvernement a donc décidé la création de huit nouveaux sites universitaires d’odontologie pour la rentrée 2022 dans les régions qui en sont dépourvues, telle que la Région Centre-Val de Loire. Pour autant, la pénurie médicale, dont elle souffre, va-t-elle disparaître ?

Par Jean-Paul Briand

Dentiste – Pixabay

Les études pour être chirurgien-dentiste durent au minimum six ans, auxquels peuvent s’ajouter une à quatre années de spécialisation. Jusqu’à présent il existait 16 facultés pour des études dentaires : Brest, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Paris V et Paris VII, Reims, Rennes, Strasbourg et Toulouse. Dans son rapport de mars 2021, l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) expliquait que les étudiants des régions sans faculté d’Odontologie, telles la région Bourgogne-Franche Comté, la Normandie ou le Centre-Val de Loire, se forment dans d’autres régions et « ne reviennent plus aussi souvent dans leur région d’origine que les générations précédentes ». Le gouvernement a donc choisi de corriger cette anomalie.

Où il n’y a pas de faculté de médecine proche, il existe un phénomène d’exode irréversible

Dès la rentrée 2022, le Centre-Val de Loire verra cette nouvelle formation sur son territoire. Elle sera basée à Tours. D’autres villes vont également bénéficier d’une telle promotion universitaire : Amiens, Caen, Rouen, Dijon, Besançon, Grenoble et Poitiers. Ainsi, selon l’arrêté du 13 septembre 2021 définissant les objectifs nationaux pluriannuels de professionnels de santé à former pour la période 2021-2025, 7 265 étudiants devraient être formés, soit 14 % de futurs dentistes supplémentaires, dont 260 sur Tours. Le Conseil régional du Centre-Val de Loire met la main à la poche pour la mise en place de cette nouvelle formation puisqu’il s’engage à hauteur de 3,5 millions d’euros, sur un coût total de 5,5 millions d’euros. On peut donc espérer que les soins buccaux dentaires ne seront plus à la traine, dans les 5 à 10 ans, en région Centre-Val de Loire. Comme dans les études dentaires, sur les territoires où il n’y a pas de faculté de médecine proche, il existe le même phénomène irréversible d’exode d’étudiants, qui participe à la désertification médicale. Il faut en tenir compte.

Le principal problème pour la région Centre reste le déficit de médecins

Si l’hôpital public est dramatiquement touché par le manque de professionnels de santé, les établissements privés le sont tout autant. Ainsi le plus important pôle santé privé du Loiret, Oréliance, a expliqué qu’il organisait « un after work RH innovant et attractif pour séduire la filière infirmière de la Région Centre ». Pour les médecins, l’irresponsable régulation par numérus clausus est enfin close. L’offre médicale est désormais déterminée par les besoins des territoires mais le parcours des études reste très compliqué et éprouvant. Pour la région Centre-Val de Loire, où un assuré sur cinq n’a plus de médecin traitant, on est loin du compte. Le Conseil Économique, Social et Environnemental du Centre-Val de Loire (CESER) dénonçait que « quinze universités, dont celle de Tours, n’ont pas suffisamment augmenté leurs capacités d’accueil en 2ème année ». Avec la plus faible démographie médicale de toute la France, elle est la seule région qui n’a qu’un Centre Hospitalier Universitaire (CHU) formateur, celui de Tours. Son chef-lieu de région, Orléans, est la seule métropole française sans CHU. Le principal problème en santé pour la Région Centre-Val de Loire reste toujours le déficit de médecins et d’infirmier(e)s. Et l’hémorragie n’est pas finie. Des pétitions réclamant une augmentation du nombre d’étudiants en médecine se succèdent. Malheureusement, dans un récent interview, le Professeur Patrice Diot, doyen de la faculté de médecine de Tours et président de la Conférence des doyens des facultés de médecine déplore : « on n’est pas loin dans les facs de médecine française, d’être au maximum de nos capacités de formation ».

Une autre bataille à gagner

Dans un communiqué, le Conseil régional s’enorgueillit d’avoir réussi « une première victoire pour les habitants et pour la Région Centre-Val de Loire » par la création d’une faculté d’Odontologie, à Tours. De plus, il souhaite augmenter le nombre d’étudiants en médecine et en former 340 dès 2023, de créer 150 postes de médecins salariés et 125 maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) d’ici 2025. Afin de réaliser ces ambitieux et nécessaires objectifs, il lui reste donc une autre bataille à livrer et surtout à gagner : la création d’une deuxième faculté de médecine sur son territoire… 

Commentaires

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  1. La région centre est particulièrement défavorisée sur le plan médical, mais cette mini-région (à cause nos élus avec leur vision étriquée) est-elle attractive ?
    La majorité des étudiants en médecine de Tours vont s’installer dans d’autres régions ?
    On a raté le coche lors du redécoupage des régions.

  2. Docteur, une université de médecine à Orléans, je veux bien, mais Blois, Chartres, Châteauroux, Bourges, La Châtre, Vierzon … ? S’il suffisait de créer une université pour ancrer les médecins dans le territoire, Monsieur Seguin aurait encore tout son cheptel. Ou alors, mettons la Région Centre en bord de mer. Tout cela sent la lutte d’ego provincial.

  3. Les autorités tant médicales ( Fac de Médecine) que politiques tourangelles ‘n’ont jamais milité pour qu’il
    ‘il y ait un deuxième Fac de Médecine à Orléans, et la député e du Loiret,elle même médecin, Stéphanie Rist, s’y
    etait opposée ,il me semble,lors d’un vote l’année
    dernière…

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