[Loir et Cher]L’explosif testament politique de Maurice Leroy (Partie 1/2)

L’ancien président du conseil départemental de Loir-et-Cher aime que les choses soient claires. Lors d’un récent message téléphonique, en homme d’expérience, il a souhaité donner quelques conseils bien sentis à l’actuel boss du département, Philippe Gouet. Avant de prendre du recul, l’incontournable Momo a voulu confier un mode d’emploi à son successeur. Attention ça peut piquer les yeux… Aujourd’hui, première partie.

Par Fabrice Simoes

Nicolas Sarkosy a remis la Légion d’honneur à son ancien ministre de la Ville Maurice Leroy. Crédit photo Jean-Luc Vezon.

Comme les voies du Seigneur, WhatsApp est impénétrable pour le commun des mortels. C’est même écrit dans la page d’accueil de l’application: « nous avons développé le chiffrement de bout en bout dans les dernières versions de notre application. Lorsqu’ils sont chiffrés de bout en bout, vos messages et appels sont protégés afin que seul(e)s vous et la personne avec qui vous communiquez puissiez les lire ou les entendre… » Alors recevoir le fichier audio du dernier appel téléphonique de Maurice Leroy, actuel chargé de gestion des projets du Grand Moscou, ancien ministre de la ville et président du Conseil général ou départemental durant plus de 13 ans, à Philippe Gouet, son successeur en Loir-et-Cher, est probablement une fausse manip. A moins qu’en ces temps étranges de la politique en Loir-et-Cher, il ne se soit malencontreusement égaré …

Selon Jacqueline Gourault, la Loir-et-chérienne ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales d’Emmanuel Macron, Maurice Leroy possède « une personnalité attachante et généreuse. Mais, en même temps, c’est quelqu’un de rigoureux dans le travail et un anxieux qui s’ignore.» Momo pour les intimes, il est comme ça. Après quarante ans de cette vie politique hexagonale qu’il a quittée en 2018, ce n’est pas la peine d’essayer de lui faire prendre les vessies pour des lanternes. C’est qu’il a bourlingué Momo. Du PC de ses jeunes années au Grand Moscou désormais. Les mauvaises langues diront que c’est un retour aux sources. Entre temps, il est passé par le RPR, l’UDF et l’UDI. Par-delà ses différentes options politiques, son attachement à son département ne peut pas être nié. Son 41, c’est comme les neiges de la Russie en hiver, éternel. Au moins jusqu’au printemps suivant.

Faire les bons choix, un art délicat

En fin d’année, salle du Minotaure, à Vendôme, Momo s’est vu remettre la légion d’Honneur par l’ex-président de la République Nicolas Sarkozy. Là, il a pu renouer avec ses meilleurs ennemis et amis de politique. L’occasion de dire quelques mots aux uns et aux autres quoi. Mais comme il n’a pas pu tout dire, quelques jours avant les fêtes, c’est par téléphone qu’il a laissé sur le répondeur présidentiel, amicalement, sûrement, calmement, posément, son testament politique.

Entre la gestion du site Giat Industries, la gestion du personnel départemental et la politique générale du conseil départemental, les frais divers et variés, Momo évolue sans filtre. Un véritable Orgue de Staline pour scuds politiques. Il n’oublie rien. Même, à la manière d’un maître de conférence sûr de son expérience, il explique et veut rassurer son « Cher Philippe ». Le message est limpide : l‘ex ne veut pas devenir le futur. Il le précise d’emblée.

« Sois rassuré, je vais prendre beaucoup, beaucoup de recul. Ne sois pas inquiet… Je pense que tu es l’homme de la situation, que tu es un garçon intelligent. Moi je ne suis plus rien. Ma vie est maintenant à Moscou. C’est là que je me suis impliqué. Y a pas de retour en arrière. » Par contre, après avoir validé les questions personnelles, la qualité du travail du kiné Philippe, c’est bien le président Gouet qui reçoit une première leçon. Elle concerne la vente de 120 hectares industrialisables sur le secteur de Salbris pour en faire un parc photovoltaïque. « Je peux te parler du Giat très longuement … Je connais parfaitement le dossier. J’étais aux commandes, donc je sais. Je te dis que c’est une connerie ! Je persiste et je signe mais l’histoire nous départagera. Tu verras ».Une réaction nette et précise qui se fait en toute connaissance de cause. «  J’ai tous les paramètres, sache le… » ajoute-t-il.

Une petite ciselure par-ci, une petite ciselure par-là, un conseil, une mise au point aussi : «  tu sais le patron, ça doit être le président. J’ai aussi écouté… Si j’ai appris c’est que j’ai fait des conneries mais j’ai appris de mes conneries ! Sarko le dit toujours lui-même » et de mettre l’accent sur les choix éventuels à la direction générale des services du département « dans les trucs de management on prend quelqu’un de l’extérieur. Il n’est maqué par rien, ni par personne. » Une solution qui, dans le contexte actuel pourrait « tout changer pour la presse, pour les médias, pour la com. » Si c’est Momo qui le dit, alors.

Au hasard de sa digression, le néo-Moscovite explique par ailleurs avoir loué et payé le Minotaure vendômois. Une explication franche pour éviter que les oreilles présidentielles ne soient perturbées «si y a des crétins (qui) racontent des conneries ou des rumeurs… » Une volonté de s’acquitter des frais très assumée. « J’ai toujours payé partout où j’étais, y compris quand c’était Festilésimes. J’aurais évidemment payé le vin d’honneur si y en avait eu un (pour la médaille NDLR). Tout ce que j’ai est à moi. Je n’ai pas de truc aux Seychelles …» Suivez son regard …

La suite dès demain…

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Et la carrière de Maurice Leroy:  Maurice, Leroy des magiciens

 

Commentaires

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  1. “j’ai toujours tout payé” ?
    c’est curieux alors que le Conseil Constitutionnel ait rejeté son compte de campagne pour avoir fait sa com avec l’argent du Conseil Départemental ?
    tout payé mais pas toujours avec son argent

  2. ML a toujours payé sa place et celle(s) de ses invités PERSONNELS lors de manifestations auxquelles il participait, même en tant que président du Conseil général, puis départemental, structure qu’il présidait, surtout si celles-ci étaient organisées par des associations loi 1901 ou pour aider des personnes en difficulté, notamment pour appareiller leurs enfants malades, la SS ayant décliné toute particpation. Il insistait et se fâchait même si les organisateurs insistaient trop lourdement pour le(s) faire entrer gratuitement alors qu’il avait déjà ses billets de…banque à la main. Je l’ai vécu, en live, plusieurs fois, dont une dans ma propre commune, en tant que conseiller municipal, de moins de 500 habitants à l’époque! Cela est vraiment vrai. Quant au reste, n’étant pas branché réseaux sociaux, je me dis que ce type de communication est vraiment dangereux….et moins sûr qu’un pli manuscrit transmis par un pigeon voyageur…

    • curieux ! moi j’ai assisté exactement au contraire
      le momo enjambant des barrières pour ne pas passer par la caisse…

      • Les barrières ne devaient vraiment pas être très hautes…car ML n’est pas Guy Drut!

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