Christophe Hay, le chef qui descend la Loire pour côtoyer les étoiles

L’une des joies d’un journaliste, presqu’en fin de carrière, consiste à remonter le temps et de constater que les quelques pépites locales, dont il a pu suivre la carrière, n’ont pas à rougir de leurs réussites, même si on reste dans le terroir.

Par Richard Ode

Ainsi, l’actrice Mireille Perrier, née à Blois, et ancienne ouvreuse de salles obscures où elle a acquis sa culture. Marie-Amélie Le Fur, championne paralympique et présidente du comité des JOP de Paris en 2024. Le Courchois Raphaël Beaugillet, champion cycliste paralympique en non-voyant en tandem. Les Bodin’s, découverts avec moins de 20 autres personnes (!), un soir, salle de La Quinière à Blois, et Julian Bugier, le ténébreux journaliste quadragénaire souriant du petit écran, sans oublier Jean-François Feuilette, à peine à mi(e!)-parcours d’une carrière de boulanger international. Ou Aymeric Rouillac qui a préféré, une fois, deux fois, trois fois, le marteau de commissaire-priseur à l’appareil photo et au stylo de journaliste qu’il aurait bien aimé devenir. Un palmarès qui prouve que le Loir-et-Cher n’a rien à envier aux autres départements.

Christophe Hay sait se montrer autant à l’aise devant des micros que devant son piano…

Quatre pères…

Il fêtera son anniversaire le 13 juin prochain et s’offrira, pour ses 45 ans, son cadeau, un bijou installé dans un écrin architectural et environnemental des plus verts, sur la rive gauche de la Loire, à Blois, face au château royal, le tout pour 7 millions d’euros, en fonds propres. Pas prince héritier d’une dynastie bourgeoise ou fils d’un investisseur averti dans un désert pétrolier, Christophe Hay, le chef-cuisinier de La Maison d’à Côté à Montlivault** et de La Table d’à Côté à Ardon* (Loiret), se jette à l’eau, «seul, sans associé, avec l’appui des banques et une volonté de fer» forgée, dès ses plus jeunes années, auprès de maîtres qui ont su, très tôt, lui faire confiance, car ils ont été les premiers à découvrir ses capacités et sa niaque souriante, mais ferme de leader et de chef d’entreprise conscient du challenge, se sentant toujours bien sous sa toque qu’il ne porte que rarement.
Atout parmi d’autres, Christophe revendique pas moins de quatre pères, Gabriel, son géniteur, boucher de métier, qui lui a appris l’amour de la viande et du travail propre, ainsi que le respect des animaux, tout en le berçant avec des airs de Johnny Hallyday ; Éric Reithler, son premier patron aux Rendez-vous des Pêcheurs, une épicerie, classique du quartier historique du Foix à Blois, transformée en restaurant*, et ce, dès sa sortie du lycée hôtelier de Blois, puis «Monsieur Paul», qui recueillit, dans son oreille, les recommandations d’Éric précité pour son poulain alors que le grand Bocuse recherchait un jeune chef dynamique pour son restaurant d’Orlando (USA).

Christophe Hay assurant lui-même les livraisons des repas de Noël 2021 offerts aux soignants du centre hospitalier Simone-Veil de Blois.

De plus, toute la vie de Christophe Hay sera placée sous le signe de Coluche, son modèle civique et altruiste, dont il admire et vénère la vie sociale et les idées. Sa récente cooptation comme parrain des Restos du Cœur de Loir-et-Cher lui a, presque, autant fait plaisir que son entrée dans l’Ordre national du Mérite, comme chevalier pour services rendus aux autres, avec, notamment, depuis son installation à Montlivault, en 2014 (premier macaron Michelin l’année suivante…), un repas de Noël servi aux invisibles de la rue et son implication bienveillante envers les soignants et le personnel médical pendant la crise de la Covid-19.

En plus de ses talents de cuisinier, Christophe Hay, tel un caméléon (cela serait dû à ses racines paysannes en Vendômois auprès de grands-parents agriculteurs-éleveurs), s’adapte à toutes les situations, en relation avec l’élaboration et les prestations autour de ses mets.

Pour mieux apprivoiser et maîtriser les produits qu’il sublime harmonieusement, il s’est, successivement, formé et assimilé les postes de jardinier, pêcheur en Loire, éleveur de bovins de race Wagyu, en Maine-et-Loire, sommelier, le tout en parfaite harmonie avec la nature, l’environnement et le développement durable, tout en entraînant dans sa philosophie l’ensemble de la cinquantaine de ses collaborateurs, qui passeront à plus de 80 dès l’arrivée à Blois, sur le paquebot géant «Fleur de Loire», amarré en bordure de Loire, sur la rive gauche. Celle qui est aussi cotée qu’à Paris! Mieux que tout autre collègue, simple acheteur, Christophe Hay sait, ainsi, parler, avec une passion naturelle, de «ses» produits à ses hôtes et l’étoile verte de la gastronomie durable est venue s’ajouter à sa brochette de macarons en saluant cet engagement écolo fort.

Encadrement familial

L’homme est solide, bien ancré dans ce Loir-et-Cher qui l’a vu naître, grandir et prospérer. Il aurait pu aller vendre ses talents ailleurs, mais a préféré que ces derniers servent d’aimants pour inciter la clientèle à venir en Val de Loire. Ce projet d’une vie, longuement mûri, avec l’assistance attentionnée toute aussi professionnelle de son épouse, Emmanuelle (élève du lycée hôtelier de Blois et native de Sologne !), et leurs deux enfants, Lisie et Maelys, sera une affaire de famille certes, mais aussi celle de ses collaborateurs, dont certains de la première heure, embarqués avec lui de Montlivault à Blois pour les mener à l’étape finale de «Fleur de Loire», sujet architectural que nous développerons prochainement, via La Loire, qui, gastronomiquement, ne sera plus considérée, après le 13 juin prochain, comme un long fleuve tranquille…

Chritophe Hay présente son projet “Fleur de Loire” Photo OR

Les guides gastronomiques ont accepté de jouer le jeu et annonceront, dans leurs prochaines éditions du printemps, le transfert de Montlivault (fermeture le 2 mai !) vers la cité des Rois avec les mêmes distinctions. Car rien ne changera dans la manière de vivre de Christophe Hay envers ses afficionados. Surtout pas son sourire et ses étoiles dans les yeux.

«Ma nouvelle maison, ouverte à tous, sera aussi accessible qu’à Montlivault». Il n’y aura donc que 13 km de différence. Vivement le 13 juin!

 

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