Le scrutin du 1er tour des élections législatives du dimanche 12 juin 2022 a été marqué par une forte abstention et par des échecs retentissants de Jean-Michel Blanquer et des députés sortants Guillaume Peltier, Claude de Ganay, Pascal Brindeau et Nadia Essayan. Le Rassemblement National réussit son pari en portant plusieurs candidats au second tour mais avec des espoirs relatifs de succès. La droite est en perdition alors que la percée de la NUPES apparaît toute relative.
Par Jean-Jacques Talpin et Jean-Luc Bouland
On l’avait oublié mais le Rassemblement National est toujours là ! Le coup de bluff de Jean-Luc Mélenchon et sa déferlante médiatique avaient réussi à faire oublier que l’élection présidentielle s’était traduite par la consolidation de trois grands blocs : majorité présidentielle, gauche et extrême droite. Tapi dans les territoires, le Rassemblement National est donc bien présent en se qualifiant pour 12 des 23 duels du second tour : à Montargis où Thomas Ménagé (31,4%) arrive loin devant Jean-Michel Blanquer sèchement recalé mais aussi dans la 2ème du Cher, la 3ème et 5ème du Loiret, la 2ème de l’Indre, la 2ème et 3ème d’Eure-et-Loir où le leader régional Aleksandar Nikolic arrive à 24,5% non loin d’Olivier Marleix député LR sortant. Malgré ces bons résultats il n’est pas certain que des candidats du RN accèdent à l’Assemblée Nationale. Certes, Thomas Ménagé à Montargis (30%) et l’étoile montante du RN Mathilde Paris (31%) paraissent en bonne position pour l’emporter. Mais comme dans tous les scrutins le RN devra briser son plafond de verre pour accéder au pouvoir. Un semblant de « front républicain » et le « tout sauf Le Pen » pourraient constituer un barrage infranchissable.
NUPES en demi-teinte
C’est également vrai pour les deux candidats communistes sélectionnés pour le second tour : Bruno Nottin à Montargis et Nicolas Sansu à Vierzon. A Montargis, on voit mal Jean Michel Blanquer (qui envisage un recours) battu de peu par le candidat Nupes appeler ses électeurs à appeler au vote RN ou PCF dimanche prochain. A l’inverse, à Vierzon où la députée sortante Nadia Essayan (Modem) a été battue d’un cheveu, un appel sera lancé pour battre le Rassemblement National. Malgré ce revers à Vierzon, Ensemble ! sauve les meubles dans la région avec la course en tête des députés Loïc Kervran (Agir) et François Cormier Bouligeon dans le Cher, de Guillaume Kasbarian en Eure-et-Loir, de Sabine Thillaye en Touraine, de François Jolivet dans l’Indre, de Daniel Labaronne (32%) en Indre-et-Loire, du Modem Philippe Vigier (42%) en Eure-et-Loir ou de Marc Fesneau dans en Loir et Cher. C’est vrai aussi des trois députés du Loiret, Stéphanie Rist, Caroline Janvier et surtout Richard Ramos qui réalise l’un des meilleurs scores d’Ensemble.
La grande incertitude du scrutin portait sur le score attendu de Nupes. Malgré un score national remarquable l’union des gauches ne réalise pas la percée attendue. Certes, Charles Fournier arrive largement en tête dans la 1er d’Indre-et-Loire avec 39% des voix avec une réelle chance de succès. Il part même favori du duel face au député sortant LREM Philippe Chalumeau. Mais partout ailleurs, la gauche, quand elle est présente au second tour, aura bien du mal à l’emporter, à l’exception peut-être de l’ancien député socialiste Laurent Baumel en Indre-et-Loire. Il serait alors le seul socialiste repêché dans la région. Les espoirs de la gauche peuvent aussi venir de duels plus faciles à remporter face à un candidat de l’extrême droite comme à Vierzon ou Montargis.
Droite morne plaine !
La droite paye les divisions et disparaît même totalement du Loiret et du Loir-et-Cher, deux départements pourtant installés depuis des décennies à droite de l’échiquier politique. Les « historiques » de LR : Nicolas Forissier (25%) dans l’Indre et Olivier Marleix (28% ) en Eure-et-Loir semblent en position favorable pour retrouver leur siège dimanche. Déjà fragilisée, la droite paye aussi un lourd tribut à la division. C’est notamment vrai dans la 3ème du Loiret où la concurrence entre Claude de Ganay (LR) et Jean-Luc Riglet (UDI) se traduit par une division mortelle de la droite dans une circonscription pourtant très favorable. C’est vrai aussi dans le Loir-et-Cher où Pascal Bioulac maire de Lamotte Beuvron n’arrive qu’en troisième position. Seule satisfaction pour lui : être arrivé devant Guillaume Peltier (14%). Un vrai revers pour le n°2 de Reconquête qui paye sans doute ses itinéraires incertains entre FN, RN, LR, Debout la France et Éric Zemmour. A Montargis aussi, LR va disparaître faute de successeur validé au sortant Jean-Pierre Door alors qu’à Vendôme le député UDI Pascal Brindeau mord la poussière en troisième position.
Place désormais au second tour où d’autres surprises ne sont pas à exclure. Car si la dynamique de NUPES, certes moins forte qu’espérée, se poursuit et si le RN confirme sa poussée, alors le paysage politique régional pourrait encore évoluer dimanche prochain.
Jean-Michel Blanquer (à G) et Guillaume Peltier (à D).