Blois : ambiance orageuse au Conseil Départemental de Loir et Cher

Le Conseil départemental de Loir-et-Cher tenait session publique ce lundi 20 juin, le jour suivant un second tour d’élections législatives bien meurtrier, notamment pour le macronisme et la droite LR. De quoi ambiancer les élus locaux qui ont maintenu cette atmosphère orageuse le lendemain jusque dans la salle Kléber-Loustau à Blois, se cristallisant sur les hésitations de la majorité départementale face aux cas Peltier-Verneret.

Par Émilie Rencien

Philippe Gouet maintient le cap de la présidence départementale sous la tempête politique qui ne s’essouffle pas depuis son élection en juillet 2021. Photo Emilie Rencien

Depuis les frasques financières de l’ancien président du Département de Loir-et-Cher, Nicolas Perruchot, l’assemblée départementale est comme marquée du sceau du péché et en dépit d’un nouveau capitaine à la barre, Philippe Gouet (Udi), élu en juillet 2021 à ce poste par 16 voix sur 30, cette collectivité a du mal à oublier bien des suspicions larvées. L’arrivée de nouveaux conseillers départementaux depuis le scrutin de juin 2021 aura sans doute accru l’ardeur d’un feu déjà bien nourri. Le basculement début 2022 du co-président de cette majorité départementale, l’UPLCI (Union pour le Loir-et-Cher et indépendants), l’ex-député Guillaume Peltier, passant de LR à Reconquête, n’aura rien arrangé, dans « une ambiguïté » dénoncée par les quatorze membres de l’opposition.

Ce mois de juin 2022, l’épine a été plus profondément enfoncée par le soutien clairement affiché de la vice-présidente départementale en charge de la biodiversité, Virginie Verneret (LR), imprimé sur le tract de campagne à la députation du sortant Peltier. En conséquence, cette dernière a annoncé le 17 juin son retrait de l’UPLCI, sur demande du président Gouet, devenant ainsi élue départementale « non inscrite » à son tour, comme celui auquel elle a apporté son aval législatif. En séance au Département le 20 juin, l’accusée a joué la corde « en souvenir de ». «Je suis LR, j’ai soutenu Valérie Pécresse à la présidentielle. je ne suis ni au Rassemblement National ni chez Reconquête ! J’ai expliqué mon soutien à Guillaume Peltier, lié non seulement à notre campagne lors des élections départementales mais également à notre travail commun dans le canton de Chambord. » Un argument guère convaincant pour l’opposition qui a tiré à boulets rouges, notamment le maire de la Chaussée Saint-Victor et conseiller départemental, Stéphane Baudu (Modem; groupe CentreS 41) qui a exigé le retrait immédiat de sa délégation. « Ce n’est pas un choix personnel quand c’est affiché sur un tract ! Quand on est élu, c’est une position !» Catherine Lhéritier, à la tête de l’UPLCI, a tenté  quant à elle, un coup de poker. «Il faut avancer. Ne pas confondre, séparer le national du local. Ce que dit M. Peltier n’engage que lui. Nous avons fait ce que nous avions à faire.». Philippe Gouet, qui a pris de l’assurance et tient bon dans la tempête, a répété . « Nicolas Perruchot ne fait plus partie de cette assemblée, il faut arrêter de regarder dans le rétroviseur. Guillaume Peltier n’est plus co-président. Virginie Verneret est toujours LR, était dans le comité Pécresse 41. Je vais réfléchir, réunir le groupe pour sa délégation. Elle a fait du bon travail, côté biodiversité et sur les ENS (Espaces Naturels Sensibles).»

Toujours seize contre quatorze, malgré tout

En somme, la décision n’était pas gagnée, la volonté peu manifeste. Chacun(e) se préparait à un énième statut quo. Contre toute attente, en fin de matinée, il aura fallu deux interventions pour une concession. La première interrogation sans détour a été décochée depuis l’opposition, par la première magistrate de Marcilly-en-Gault et conseillère départementale Agnès Thibault (DVD; groupe La droite républicaine). «Je vais dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Changez de directeur de cabinet. Mathieu Spiesser, bras droit de Guillaume Peltier (du temps où ce dernier était maire de Neung-sur-Beuvron, ndrl) et embauché par Nicolas Perruchot ! » La seconde, a été tirée depuis l’exécutif par le 2e vice-président, Philippe Sartori, en mode vierge effarouchée. «Je vais me barrer ! C’est assez détestable. Je suis médecin, je vais retourner à mes patients, ce sera mieux ! Je veux qu’on vote pour retirer la délégation, point à la ligne.» Deux montées au créneau qui ont fait plier ce roseau. « Il n’y a pas besoin de vote, c’est sur décision du président. Je retire donc la délégation à Mme Verneret, » a en définitive accepté M. Gouet.

Et la Cour des comptes ?

Au cœur de cette situation plus que tendue, Guillaume Peltier, qu’en pense-t-il ? Alors qu’il avait le 14 juin certifié «continuer à servir notre Loir-et-Cher comme conseiller départemental de Chambord », après son échec dès le premier tour des élections législatives, il n’était pas présent au début de la session publique entamée à 9 heures à Blois, arrivant discrètement passé 10h30 dans la salle Kléber-Loustau. « J’avais une obligation avant, » s’est-il contenté d’exprimer du bout des lèvres. Pour le reste, c’est-à-dire sa situation au Département et son avenir en politique, il est resté mutique, hormis ces deux mots : « aucune réaction. » Sa posture physique, bras fermés, sourire à la fois crispé et malicieux, aura fermé le ban d’une conversation refusée. Il sera parti à nouveau sans bruit, avant midi et l’intervention du préfet François Pesneau, tout comme Virginie Verneret. Une autre obligation sûrement…

Comme prévisible, une réponse,sur l’avenir de son parti tout au moins, a été apportée plus tard, postée comme à l’accoutumée sur ses réseaux sociaux ! Depuis Blois, dans le monde réel, la majorité du Conseil départemental ne tient en tout cas désormais plus qu’à un fil : 14 voix dans l’exécutif,14 voix dans l’opposition, 2 non inscrits. Jusqu’à quand cela peut-il résister ? Le roseau de la délégation a cédé mais le chêne Gouet? « Les lignes ont un peu bougé, enfin, » s’est réjoui Agnès Thibault à la fin du débat. Or, le budget supplémentaire parmi les délibérations a toutefois été adopté, encore à 16 voix contre 14. Malgré les vents mauvais, le schéma demeure immuable. Jusqu’à quand ?

Le roman loir-et-chérien n’en est qu’à ses premiers tomes. Au fait, il manque aussi des nouvelles du travail de vérification sollicité fin 2021 par le Département, via la saisine de la chambre régionale de la Cour des comptes…

Ambiance film muet du côté des fauteuils de Guillaume Peltier et Virginie Verneret au Département, à Blois le 20 juin. Photo Emilie Rencien

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