Orléans : Les femmes et la musique à l’Institut

Dans le cadre du festival Musiques Pluri’elles, l’ensemble vocal Éphémères s’est associé aux instruments de La Rêveuse pour un très beau concert baroque ce samedi 11 mars à l’Institut.

Par Anne-Cécile Chapuis

L’ensemble Éphémères associé à La Rêveuse et Jérémy Quelin, orgue positif. Photo AC Chapuis

La soirée commençait mal, avec une billetterie gérée par une seule personne, d’où une longue file d’attente sous la pluie et une bonne demi-heure d’attente au démarrage. Quelques énervements dans la salle ont été vite oubliés dès que la musique a pris toute sa place. Car tout était réuni pour un beau concert : un ensemble vocal Éphémères qui fait ses preuves à Orléans depuis plusieurs années, le talentueux organiste Jérémy Quelin, et le célèbre ensemble La Rêveuse qui fait la une des plus grands médias actuellement.

Florence Bolton, viole de gambe, Benjamin Perrot, théorbe, Jérémy Quelin, orgue positif. photo AC Chapuis

Et la qualité était au rendez-vous, dans une programmation qui suivait le fil conducteur annoncé par Florence Bolton : la musique pour et par les femmes à l’époque baroque. Une période qui leur menait la vie dure, puisqu’elles n’avaient pas droit de cité en la matière. Même le mot de « compositrices » n’existait pas et celles qui ont réussi à s’imposer le firent parfois à leurs dépens ou avec subterfuges.

Des grands compositeurs et quelques découvertes

Après une ouverture avec Monteverdi (1567-1643), c’est Barbara Strozzi (1619-1677) qui est mise à l’honneur. Un personnage haut en couleur, nous dit-on, qui ici offre un Lagrime mie plein d’expressivité, de chromatismes et d’affetti mis en émotion par la jolie voix de Julie Fontenas. Après Kapsberger où le théorbe fait merveille, c’est un duo de Rossi où la voix de Daphne Corregan rejoint celle de Julie Fontenas dans un accord de sonorités très harmonieuses.

S’ensuivent des pièces de Lorenzani, très dansant, Charpentier, de la musique qui avance, Clérambault, avec de magnifiques harmoniques mises en évidence par des silences très musicaux.

Concert Éphémères La Rêveuse sous la direction d’Émilie Legroux. Photo AC Chapuis

Avant de clore avec Vivaldi dans un très beau duo puis tutti issus du Gloria, rejoints par la flûtiste traverso Karine Gargaud, une pièce instrumentale d’Élisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) fait résonner la viole di braccio, le seul instrument qui était autorisé aux femmes à l’époque. Un instrument injustement méprisé quand on entend les sonorités chaudes que Florence Bolton sait en tirer et la vélocité que son jeu impose. Et quand on sait qu’Élisabeth Jacquet a dû prendre un pseudonyme masculin pour se faire éditer, on se félicite de la ténacité de la compositrice qui permet à de belles œuvres de figurer au répertoire.

La salle de l’Institut offre son acoustique de choix à l’ensemble des musiciens, bien soutenus par l’orgue positif de Jérémy Quelin, et les spectateurs réservent aux musiciens un accueil enthousiaste à la hauteur des performances.

Un beau programme thématique d’actualité, et un très bon moment de musique comme on les aime !


Pour en savoir plus :

Le nouveau CD de la Rêveuse en avant-première

Aimez-vous Brahms ? 

 

 

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