Ce lundi 16 octobre 2023, trois jours après l’attentat d’Arras et l’assassinat de Dominique Bernard, des rassemblements en mémoire de l’enseignant tué lors d’une attaque au couteau ont eu lieu partout en France et notamment en région Centre-Val de Loire.
Par les correspondants en région.
Voilà trois ans, le pays entier était sonné par l’assassinat de Samuel Paty, devant un collège de Conflans-Sainte-Honorine dans le Val d’Oise. La mémoire de ce professeur d’histoire-géographie devait être honorée ce lundi 16 octobre avec nombre de rassemblements sur le territoire. Mais ce lundi a malheureusement été bien plus que ça. Au souvenir douloureux s‘est ajouté un nouveau traumatisme causé encore et toujours par le terrorisme. Un nouvel attentat qui a coûté la vie à Dominique Bernard, autre professeur attaqué dans son établissement à Arras, sans oublier les trois autres membres de la communauté éducative blessés. Une nouvelle fois ébranlé, le monde de l’Education se réveille avec la gueule de bois. Dans les collèges et les lycées, les cours de 8h à 10h ont sauté pour laisser place à un temps « banalisé ». Un « moment d’échange tout à la fois humain et pédagogique » réservé au personnel de chaque établissement avant d’accueillir les élèves. Un lundi définitivement pas comme les autres où il a fallu gérer ensuite les émotions et l’angoisse de certains d’entre eux. Impossible même de ne pas évoquer les images de la télé et surtout celles des réseaux sociaux dans les salles de cours. Une minute de silence était d’ailleurs respectée à 14 heures dans chaque salle de classe en mémoire de toutes les victimes des attentats commis contre l’Ecole.
Hommage devant le Conseil Régional.
Rassemblements dans le Loiret
Des moments de recueillement au sein des établissements scolaires auxquels se sont associées de nombreuses villes et mairies. Partout dans la région les hommages initiaux à Samuel Paty ont pris une dimension supplémentaire. Professeurs, élus, syndicats ou simple témoin… tous ont éprouvé le besoin de saluer la mémoire de ces hussards de la République. Notamment à Orléans où non loin de la cathédrale, élus et personnel du conseil régional, membres du CESE (conseil économique, social et environnemental), représentants de l’État se sont retrouvés le midi devant l’hôtel régional pour un hommage à Dominique Bernard. En présence de Éric Chevée, président du CESE, et de Florence Gouache pour l’État le président de la Région François Bonneau a rendu un hommage émouvant à l’enseignant assassiné. Avant une minute de silence il a aussi témoigné de la « détermination de tous les acteurs publics pour combattre le terrorisme » et défendre « une société unie et forte qui donne sa priorité à l’éducation ».
Quelques heures plus tard l‘hommage était renouvelé devant le rectorat d’Orléans-Tours à l’initiative du Laboratoire Loiret de la Laïcité suivi par l’Intersyndicale. Avec entre autres les présences de l’ex-sénateur Jean-Pierre Sueur accompagné de son successeur Christophe Chaillou, Serge Grouard maire d’Orléans ou encore le recteur Gilles Halbout. Un moment où a été rappelée « la mission confiée à l’école et à ses professeurs de transmettre les valeurs de la République » insistant sur le principe de la laïcité. Les mots de Jean Zay – « les écoles doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas » – ont été cité avec le souhait émis de « faire vivre cette phrase à l’entrée de chacune de nos écoles ». Avant d’enjoindre l’audience à ne pas oublier le nom des deux enseignants assassinés mais aussi celui d’Agnès Lassalle, professeure d’espagnol tuée en plein cours par l’un de ses élèves le 22 février dernier. Le rassemblement s’est conclu sur une Marseillaise a capella.
Le glas de l’église Sainte-Madeleine de Montargis a sonné une vingtaine de fois pour appeler au rendez-vous. Une fois de plus, le parvis de la mairie, lieu laïc et républicain, a servi à réunir citoyens et élus, de droite comme de gauche. La précédente assemblée avait eu lieu suite au saccage du centre-ville et les incendies qui en avaient découlé. Les représentants des forces de l’ordre étaient présents, mais les gendarmes étaient retenus au collège de Courtenay, pour une alerte à la bombe : les zones rurales ne sauraient échapper à l’ambiance et au cours des événements.
Dans le Berry aussi
A Châteauroux le maire, Gil Avérous, entouré du président du Conseil Départemental, Marc Fleuret et du préfet Thibault Lanxade a pris la parole à 12h15 devant trois cents personnes place de la République, insistant particulièrement sur l’importance du rôle des enseignants dans la communauté, déclarant notamment : « Je veux assurer aux enseignants, qui font un des plus beaux métiers du monde (…) que chaque petite étincelle de connaissance qu’ils inculquent font reculer un peu plus l’obscurité de notre monde ».
Un certain nombre d’élus, mais également l’ensemble du corps préfectoral se sont répartis dans les établissements d’enseignement de l’Indre pour s’associer à l’hommage aux deux enseignants assassinés en l’espace de trois ans par des terroristes islamistes.
Dans le Cher, c’est une grosse centaine de personnes qui étaient rassemblées devant l’hôtel de ville de Vierzon, pour rendre hommage à Dominique Bernard. Un rassemblement initié pour exprimer la solidarité des Berrichons avec la communauté éducative. Position confortée lors de la prise de parole initiale du conseiller principal d’éducation du lycée Henri-Brisson, François Bedu. Devant le député Nicolas Sansu, comme la maire de Vierzon, Corinne Ollivier, il a souligné sa volonté, et celles de ses collègues, à poursuivre dans la transmission du savoir « pour lutter contre l’obscurantisme ». Une minute de silence a clôturé le rassemblement.
A Bourges, alors qu’un hommage était rendu ce lundi matin à Samuel Paty, près de l’allée à son nom, un rassemblement était prévu, en fin de journée.
Loir-et-Cher et Touraine
Environ 400 personnes se sont rassemblées devant la Préfecture de Loir-et-Cher répondant à l’appel de l’Intersyndicale et du maire de Blois Marc Gricourt. Parmi elles, beaucoup d’enseignants, sympathisants de gauche et de jeunes. Emmanuel Mercier, co-secrétaire régional de la FSU a pris la parole pour rendre hommage à Dominique Bernard : « L’école est une cible pour ce qu’elle représente : un lieu d’émancipation et d’ouverture, un rempart contre les obscurantismes et le repli sur soi. Il faut la protéger contre les extrémismes et le terrorisme islamique. Sans faire d’amalgame ». Une minute de silence a suivi puis la chanson de John Lennon (1971) a retenti dans le crépuscule comme un symbole de paix et d’amour entre les hommes.
Devant la préfecture de Blois. Photo JLV
A Tours plusieurs rassemblements ont été organisés ce lundi. Dans un premier temps devant l’hôtel de ville à l’appel de la mairie, puis sur la place Jean Jaurès à 18h, à l’initiative de l’intersyndicale de l’éducation qui a vu plusieurs centaines d’enseignants se réunir avant l’obscurité. Au terme de plusieurs prises de parole, une minute de silence pleine d’émotion est venue figer le temps avant que chacun ne quitte progressivement ce moment de recueillement.
Dans d’autres communes, des hommages aux professeurs avait déjà eu lieu le dimanche 15 octobre. Comme à Chartres où sur la place du Châtelet, environ 300 personnes s’étaient rassemblées à l’appel du syndicat enseignant FSU.