Primaire de la droite et du centre : après Mathieu Schlesinger (maire d’Olivet, LR), pour AlainJuppé, Olivier Carré (député-maire d’Orléans, LR), pour Bruno Le Maire, Constance de Pélichy (maire de La Ferté-Saint-Aubin, LR), pour Nathalie Kosciusko-Morizet, Hugues Saury président du département du Loiret pour Nicolas Sarkozy, nous avons interrogé Serge Grouard sur les raisons de son soutien à François Fillon. Le député du Loiret et ex maire d’Orléans, explique son choix pour les lecteurs de Mag’Centre.

François Fillon à Orléans en janvier dernier. Au second plan : Serge Grouard.
Mag’Centre : Vous soutenez François Fillon dans la primaire de la droite et du centre. Pourquoi ?
Serge Grouard : Vu l’ampleur de la crise que nous subissons, le projet de François Fillon est le seul à pouvoir redresser le pays. Pour moi il a deux avantages fondamentaux : la lucidité dans le constat. Il est sans concession sur les politiques précédentes qui n’ont pas porté leurs fruits. Il souhaite faire une vraie rupture : il n’y aura pas de demi-mesure comme celles prises depuis plus de trente ans. Si on continue comme ça, on court à l’échec. L’autre avantage, c’est qu’il explique comment il veut le faire, même si les réveils seront durs. Sur le projet, il a été très précis, c’est la marque de fabrique de François Fillon. C’est très rare. Il a eu la volonté d’aller loin dans le comment faire. Pour moi, c’est ça la clé : monter que c’est faisable.
Mag’Centre : Ça fait trente ans qu’on entend le discours du “vous allez voir ce que vous allez voir”, la “rupture” ; en outre, François Fillon a déjà participé au mouvement, qui a montré des résultats pour le moins limités. Qu’est-ce qui peut faire croire que cette fois-ci, c’est la bonne ? Qui va croire ça ?
Serge Grouard : Vous avez raison ; lui, il met en avant son expérience, car ce qu’il propose ne s’improvise pas. Une des limites des autres candidats, c’est soit d’être en permanence dans la justification de ce qu’on a fait avant : on ne tire pas de leçons de l’expérience. Soit de ne pas pousser assez loin le programme de ce qu’il faut désormais mettre en œuvre. François Fillon analyse son expérience, et assume son bilan : tout n’a pas fonctionné, mais fort de mon bilan voilà ce qu’il faut faire maintenant. Une façon de tordre le coup du fataliste “on a tout tenté”. On a tout tenté certes, sauf ce qui marche ! Comme le dit le titre de son livre, il faut avoir le courage de Faire. Si on n’en passe pas par là, on continuera à se lamenter, mois après mois, que ça ne marche pas. On se renverra la balle les uns aux autres.
Par exemple ?
François Fillon dit d’entrée de jeu qu’on arrivera au pouvoir en même temps que 4,7 points de déficit budgétaire en plus, et non pas 2,7 points comme le dit l’exécutif actuellement. Concrètement, ce sont 15 à 20 milliards d’euros de différence. On dit la vérité, et on partira de là. Il y a un triple enjeu, et c’est le cumul qui est difficile. Un pays ne peut pas bien se porter quand il a 5 millions de chômeurs et une telle fracture sociale. Donc il faut mettre le paquet là dessus. Deuxièmement, le poids de la dette publique est abyssal : il faut mettre le paquet et économiser encore plus. Troisièmement : il y a de graves problèmes qui fracturent la société, notamment la lutte contre le terrorisme, le manque de moyens pour la justice, etc. D’une manière globale l’État régalien est en déficit de moyens, et nous devons en remettre. Si on n’a pas le courage de dire, alors on n’aura pas le courage de faire après. François Fillon pose tout cela sans fioritures.
Son programme économique est-il crédible ?
Emmanuel Lechypre, de BFM Business, estime que son programme se démarque des autres sur le sujet économique. Son projet est considéré comme le meilleur. Il faudra en passer par un choc, F. Fillon pose les choses. Les autres sont soit dans les grandes déclarations de principes et je pense à Nicolas Sarkozy. D’autres posent le problème mais restent trop mesurés sur l’enjeu du défi, je pense à Alain Juppé.
D’accord… Et que se passera-t-il le 28 novembre au matin, au lendemain du second tour de la primaire ?
Et bien… François Fillon part en campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle 2017…
Mag’Centre : Certes, mais au cas où…
Rien n’est joué du tout. Je suis un peu fatigué de ce duel médiatique Sarkozy-Juppé. A force de rabâcher ça tous les jours, on finirait par croire que c’est plié, et que le second tour et même déjà gagné. Il faut respecter les électeurs, on peut encore avoir des surprises. Souvenons-nous de Chirac – Balladur en 1995 : il n’y avait même pas besoin d’aller voter, c’était Delors – Balladur au second tour et Balladur passait directement de Matignon à l’Élysée. On a vu le résultat… Une partie des médias télé sont d’ailleurs responsables, l’un d’eux a titré “Juppé, le grand vainqueur du débat télévisé” du 13 octobre dernier.
Pourtant, on sent un frémissement du côté de François Fillon. Mais il a dit aussi qu’il soutiendra sans réserve celui ou celle qui gagnera la primaire, sans condition, sans rien. Et puis, dans le cas contraire, ce serait pour faire quoi ? Cavalier seul ? Ça n’a pas de sens.
Propos recueillis par F.Sabourin.