Collectif antifa d’Orléans : « la rue n’appartient pas à l’extrême droite »

 
Le Collectif antifa d’Orléans a vu le jour l’été dernier, en réponse à l’entrisme de militants d’extrême droite et identitaires dans les manifestations anti-passe sanitaire. Ses militants pointent « une montée inquiétante des idées fascistes » dans la ville gérée par Serge Grouard. 
 
Par Mourad Guichard
 

Manifestation contre le pass sanitaire du 28 août à Orléans @Mourad Guichard

 
Ils sont une douzaine de militants orléanais, hommes, femmes, jeunes et retraités. Et ont en commun le refus de voir l’extrême droite et ses idées envahir l’espace public. C’est en juillet dernier, à l’issue des premières manifestations anti-passe sanitaire qu’ils ont donné naissance au Collectif antifa d’Orléans. « Nous avions remarqué la présence de militants d’extrême droite et de discours problématiques sur le vaccin, le tout appuyé par des pancartes parlant d’apartheid ou de viol », explique Juliette*.
 

Une lettre ouverte

 
Dans la foulée, ils rédigent une lettre ouverte qu’ils diffusent sur les réseaux sociaux. Son but : jeter les bases d’une action inter-organisationnelle mobilisant militants syndicaux, associatifs et politiques. « Nous voulons trouver des solutions à plusieurs », espère Sébastien. « Surtout en ce moment où la fachosphère profite d’un climat ambiant marqué par la présence médiatique permanente de Zemmour et de son discours séparatiste, raciste, sexiste et discriminant ». Les militants remarquent parallèlement que le verbiage de l’extrême droite a changé ; y compris au cœur des manifestations anti-passe sanitaire auxquelles les antifa locaux ont rapidement décidé de ne plus participer. « Les militants fascistes avancent souvent masqués en utilisant des mots empruntés à la gauche », rapporte Juliette. « Ils opposent Mondialisation à Nation et ne mettent pas toujours en avant leur attachement à la monarchie ». 
 
Hormis sa présence ponctuelle dans les rues d’Orléans, le Collectif antifa investit les réseaux sociaux afin d’y combattre les idées et d’y dénoncer les actions de leur cible, les militants d’extrême droite. Ils ont ainsi récemment pointé, sur leur compte Twitter, la tenue d’un camp « Hussards » organisé début novembre en Eure-et-Loir par un prêtre intégriste. Entre deux prières, les participants s’adonnaient au maniement des armes, en toute décontraction, avec photos à l’appui postées sur ces mêmes réseaux sociaux, tels des actes de résistance. Ils ont également réagi aux propos du conseiller régional centriste Perico Legasse qui avait soutenu Zemmour suite à ses déclarations sur les prénoms étrangers. Une information révélée par Magcentre. 
 
Il y a quelques mois, les animateurs de La Horde (site internet proche des antifa orléanais) ciblaient un magasin de pompes funèbres fondé par une figure identitaire locale. Commerçant qui avait étonnement participé au transport du cercueil de Jean Zay, figure nationale assassinée par la Milice. C’était à l’occasion de son transfert vers le Panthéon. « Certains, comme dans ce cas précis, cherchent à asseoir une forme de respectabilité quitte à verser dans le confusionnisme », insiste Juliette. « De la même manière, ils font de plus en plus référence à la Shoah dans leurs manifestations, notamment celles contre le passe sanitaire. Ça relève d’un dévoiement historique remarquable ». On retrouve régulièrement ces mêmes militants identitaires à l’occasion de commémorations officielles ; avec une aisance qui force l’admiration. Au point d’exhiber à plusieurs reprises un tatouage représentant une croix gammée ou d’organiser, au printemps dernier, l’attaque du théâtre d’Orléans occupé par des acteurs du monde culturel en lutte.
 
« Nous sommes dans la ville de Serge Grouard, un élu gaulliste auto-proclamé qui s’ultra-droitise », soulignent les militants antifa. « Hormis sa lettre aux Musulmans, on le voit régulièrement sur les plateaux des chaînes de télé extrémistes tenir des propos sans ambiguïté sur l’immigration ou la sécurité ». Dans un tel climat politique local, ils pensent que la surenchère favorise l’arrivée d’un Zemmour présidentiable. Fin octobre, un comité de soutien au journaliste du Figaro et chroniqueur sur Cnews a d’ailleurs vu le jour dans le Loiret. Une réunion publique doit avoir lieu à la salle Eiffel ce mercredi 24 novembre à 18h30 en présence de Christian Vanneste, auteur de propos violents et controversés sur l’homosexualité. Le Collectif appelle « l’ensemble du mouvement social et du secteur socio-culturel à être plus attentif à la monté des idées nauséabondes et à organiser la riposte des idées ». Juliette ponctue cet appel : « On ne débat pas avec ces gens-là, on les combat au quotidien ». 
 
 
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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