Économie sociale et solidaire : « l’autre économie » se mobilise !

La Région prépare l’adoption d’une nouvelle stratégie régionale de l’ESS. La concertation vient d’être lancée avec l’ancien ministre Benoît Hamon qui a lancé un cri d’alarme. Des ateliers vont être organisés dans les six départements avant l’adoption d’une nouvelle politique en décembre.



Jean-Jacques Talpin

Pour tous les défenseurs de l’économie libérale il n’y a qu’une seule école, celle d’un capitalisme où le capital domine la chaîne économique, où le profit est une règle intangible et quasi sacrée. Pour d’autres cependant – certes minoritaires – il existe une autre économie, parallèle, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) où la recherche du profit s’efface devant la recherche du collectif, de la solidarité et de sens commun. Le conseil régional, dirigé par la gauche unie, est naturellement en résonance avec cette économie qui représente plus de 10% des emplois régionaux, 83 000 salariés et plus de 6 000 entreprises, coopératives, associations, fondations. C’est pourquoi après une première « stratégie régionale de l’ESS » adoptée en 2018 elle prépare un second document qui sera voté lors de sa session de décembre. Pour cela une vaste concertation vient d’être lancée à Orléans avec tous les acteurs de l’ESS et en premier la CRESS (chambre régionale de l’ESS) que préside Jean-Louis Desnoues. Dans le cadre de cette concertation, la Région avait invité Benoît Hamon, ancien ministre socialiste de François Hollande et auteur en 2014 de la loi qui porte son nom sur le soutien à l’ESS.

« Diffuser l’esprit de l’ESS »

Avec la nouvelle stratégie en préparation, le président François Bonneau rappelle que la Région ne part pas de zéro. Le Centre-Val de la Loire est ainsi la seule région en France à avoir lancé le dispositif Cap’Asso qui a permis de consolider près de 1 300 emplois associatifs. Une dynamique qui doit encore être renforcée puisque l’ESS est « un projet profondément actuel et indispensable à la société d’aujourd’hui » où l’on ne « veut plus produire pour produire mais chercher à donner du sens et où le premier moteur n’est pas la rentabilité financière mais de dégager du commun, du sens et de l’intérêt général ». Jérémie Godet, vice-président en charge de ce secteur rappelle aussi qu’en « six ans beaucoup de portes ont été ouvertes » alors qu’en six ans le nombre de coopératives est passé de 50 à 80, que la démocratie participative et la transition énergétique ont été inscrites au rang des grands principes régionaux et alors qu’une politique d’achats responsables a été instituée. La Région peut aussi compter sur le renfort du CESER (Conseil économique social et environnemental régional) dont le président Pierre Allorant a insisté sur deux enjeux à privilégier : la formation des professionnels de l’ESS et la « diffusion de l’esprit de l’économie sociale et solidaire dans l’écosystème régional ».

L’ESS doit changer d’échelle !

Pour appuyer la pertinence de l’ESS, deux grands témoins avaient été invités. D’abord Maud Sarda, cofondatrice et directrice du label Emmaüs, une plateforme d’e-commerce de produits de seconde main. Face au monde du « e-commerce sans foi ni loi », face à la force de frappe des Amazon ou autres Tému, Label Emmaüs veut imposer son autre modèle de commerce qui sert d’abord à l’insertion des employés et à leur formation. Pour résister au rouleau compresseur des grandes plateformes, Maud Sarda codirige également les Licoornes, un groupement de 13 coopératives unies pour consolider ce commerce solidaire. De son côté, la psychosociologue Julie Chabaud milite pour une « humanité plus humaine » en réfutant le terme de transition au profit de la « métamorphose » en s’appuyant sur l’exemple des chenilles.

Benoît Hamon fait évidemment écho à ces grands principes solidaires même s’il place un bémol dans le bilan de sa loi : « Cette loi était faite pour que l’ESS change d’échelle. Nous n’y sommes pas parvenus à cause du manque d’engagement des pouvoirs publics. Il faut prendre le relais de la puissance publique en partie défaillante ».

Un « vaste plan social » pour l’ESS ?

Il en profite pour lancer un cri d’alarme sur les prochaines coupes budgétaires de 20 milliards annoncées par le gouvernement : « C’est une menace sur tout le secteur de la solidarité, du médico-social, du monde associatif. Il y aura un plan social gigantesque dans l’ESS. C’est inacceptable ». Pour l’ancien ministre, « on ne peut vouloir réparer le pays et produire de l’innovation sociale » sans soutien public et cela alors que le mécénat privé ne pourra compenser ces défaillances. Pour lui, « le pays ne peut pas tenir debout sans l’ESS » mais encore faut-il que cette économie – désormais reconnue par l’Europe – bénéficie d’autant d’avantages que l’économie traditionnelle, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. D’où la nécessité de mener « une bataille culturelle pour défendre et consolider ce modèle d’économie sociale et solidaire ». Face à la « gravité du moment » Benoit Hamon appelle donc à la mobilisation pour évacuer les nuages qui risquent de s’accumuler.

Un message bien reçu par la Région et par tous les acteurs de l’ESS bien décidés à faire entendre leurs voix encore plus fortes.

La concertation débutera par des ateliers et visites inspirantes, auxquels sont conviés les acteurs territoriaux et les collectivités, qui auront lieu :
Vendredi 24 mai au Château de Cepoy (45)
o Atelier 1 : Filières de transition
o Atelier 2 : Finances solidaires
Jeudi 30 mai à Saint-Paterne-Racan (37)
o Atelier 3 : Innovation sociale territoriale
o Atelier 4 : Bien vivre
Mercredi 5 juin à l’IUT de Châteauroux (36)
o Atelier 5 : Formation / Professionnalisation
o Atelier 6 : Jeunesse et sensibilisation

Inscriptions ici

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