C’est une forme d’éclectisme raisonné qui prévaut à la programmation de ce festival de jazz puisque pas moins de cinq programmateurs* contribuent à la mise en musique de cette édition de ce Jazz à l’Evéché orléanais, qui se déroulera cette année à la veille de l’été, sous le signe de la Nouvelle Orléans, la nouvelle ville jumelle de la métropole .
Mais abondance de biens ne nuit pas puisque cette diversité des programmateurs permet d’offrir un panorama d’un genre musical aux mille ramifications créatrices qui permettra à l’auditeur assidu de passer en une soirée des formes les plus “classiques” (avec deux Victoires du Jazz 2017 tout de même) aux inventions les plus échevelées. Et puis la note “Nouvelle Orléans” nous rappellera que cette musique est éminemment festive et dansante !

Mazij
Parce que le jazz orléanais a déjà une longue histoire, le festival ouvrira avec la refondation d’un groupe vieux de 25 ans, “Add et quoi”, dont les quatre musiciens (jeunes) ont traversé tous les événements jazziques locaux et qui nous proposerons une forme de mise à jour de leur répertoire enrichi par tant d’expériences.
Un petit tour par la Caravane (la deuxième scène) avec du jazz normand (mais pas dormant) venu de Sous les Pommiers avec Infernale Momus, suivi sur la grande scène d’Electro Deluxe avec un James Copley au chant pour un set plus funk flamboyant qu’électro, avant d’aller retrouver la belle voix de Georgia Hadjab qui nous revient avec cinq musiciens pour un “Mazij” (mélange en arabe) très fusionnel.
Le jeudi, c’est, comme chaque année, le jour des enfants avec à l’heure du déjeuner sur l’herbe, La Trompette Magique, concert pédagogico-ludique autour de la trompette et de la Nouvelle Orléans, bien sûr ! Et puis ce sera l’heure du choix entre un concert proposé dans le cadre verdoyant du Théatre du Poutyl à Olivet, avec le groupe Ishkero autour d’un instrument peu courant dans le Jazz avec la flute traversière d’Adrien Duterte ou le groupe Gumbo Jam, un groupe tourangeau de swing enrichi au hip-hop, très Nouvelle Orléans (la chanteuse s’appelant Lise Bourbon, ça ne s’invente pas!), avec le risque en passant par la case Olivet de ne plus trouver de place à l’Evéché pour ce festival gratuit** dont le succès dépasse un peu trop la “jauge” des lieux, mais ça, c’est un autre débat…
Toujours jeudi soir, “Who’s Happy ?”, nous bien sûr, pour écouter le concert de Hugh Coltman un britannique qui après le Printemps de Bourges, viendra accompagné de sept musiciens nous proposer son nouvel album très personnel, entre blues et soul à la sauce Nouvelle Orléans. Et pour finir la soirée, une retrouvaille avec le Ceccaldi Trio, celui de Valentin le violoncelliste, qui entre deux tournées européennes reviendra en terre natale pour agiter comme il se doit la création jazzistique.

Ceccaldi Trio
Et le vendredi, ouverture apéritive avec une confluence Mississipi/ Loire proposée par l’ami trop secret, le pianiste Laurent Desmurs, accompagné de deux complices pour un jazz contre-courant, suivi, pour l’apéro du soir, des jeunes du Raoul Jazz Clan, lauréat du Tremplin Jazz or Jazz 2018, pour un jazz slamé plutôt sensible et poétique, avant un petit nettoyage d’oreilles proposé à 20 h 15, par Qonicho ah !, deux musiciennes (la parité dans le jazz n’est pas tout à fait à jour…) pour une musique annoncée comme “trans-vers-sale”: va comprendre !
On se remettra de ses émotions avec la cubaine surdouée Yilian Canizares (voix et violon) avec “Invocacion”, en espérant que la météo soit à la hauteur d’une soirée qui s’annonce muy caliente! Et pour les jusqu’au boutistes, Electric Voculhia proposera de danser jusque tard, sur des musiques urbaines africaines.

Majnun
Samedi en ouverture de soirée, retour de Majnun, le fou errant, accompagné de la fine fleur des musiciens orléanais, pour un concert-remerciement de notre chanteur multilingue africain qui sauva une soirée du festival 2016 en acceptant de se produire au pied levé alors que le public attendait le Shaï Maestro Trio désespérément coincé dans un Eurostar. Retour gagnant pour un voyage musical enchanteur avant de retrouver, à la Caravane l’accordéoniste Jean Claude Laudat, un roi du swing musette parisien émigré sr les bords de Loire, pour une improvisation en toute liberté avec deux complices dont les initiales forment le GPL Trio…Retour sur la grande scène avec Sly Johnson, un banlieusard comme son nom ne l’indique pas, pour un chant aux performances vocales et beat-box,”un groove abrasif au carrefour du hip-hop et du funk” nous promet Stéphane Kochoyan, avant une touche finale, toujours influencée par la Nouvelle Orléans, avec Ze Cocodrile Gumbo Company pour un dernier tour en Louisiane au cœur du bayou.
Et c’est gratuit dans la limite des places disponibles, puisqu’on vous le dit !
GP
*Et les programmateurs sont: Stéphane Kochoyan, et les associations ABCD, le Nuage en Pantalon, O’Jazz et Musique et Equilibre.
**Pas tout à fait bien sûr pour un budget de programmation de 160 k€, dixit Nathalie Kerrien, adjointe à la culture.
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